Le chemin néocatéchuménal : un mouvement sectaire ?


Je vais essayer de faire une petite analyse de ce que j'ai pu lire, entendre et voir concernant le chemin neocatechumenal. Mon propos ici se limitera à une vision humaniste et psychologique de ce mouvement. Je ne m'engagerai pas dans une analyse théologique, d'une part parce que je ne me sens pas assez compétent pour le faire de façon satisfaisante, et d'autre part parce que d'autres personnes qualifiées (dont des théologiens reconnus par leurs pairs) l'ont déjà fait sur ce site, et ailleurs.

D'un point de vue humain, on ne peut qu'être frappe et surpris qu'un mouvement qui se réclame proche des évangiles, fasse autant de mal dans son entourage. De nombreuses personnes souffrent et ont souffert suite a la venue ou a leur rencontre avec le chemin neocatechumenal (j'écrirai NC pour aller plus vite). Cela devrait déjà en soi commencer à interroger les instances religieuses. Lorsqu'un mouvement cause de tels troubles, on est en droit de s'interroger sur son intérêt. L'évêque de clifton, en Angleterre, a pris en compte cela et a interdit purement et simplement le chemin dans son diocèse. De nombreux évêques, y compris en France n'accueillent pas le NC, ou ne leur donne plus l'autorisation de faire de nouvelles catéchèses, ne leur permettant plus, ainsi, d'accroître le nombre de leurs adeptes.

Ce qui surprend aussi c'est l'interdiction faite aux personnes qui viennent assister aux catéchèses de poser des questions. Elles doivent accepter tout ce qui leur est dit et doivent accepter de laisser tomber leur esprit critique, ceci en France comme a l'étranger, donc n'étant pas lie à la personnalité des catéchistes mais au mouvement lui-même. Dénigrer les gens, les fragiliser et leur dire qu'ils ne sont bons qu'à faire le mal et le péché, mais que grâce au chemin, ils peuvent être sauvés, est assez proche, sinon semblable, a ce qui se fait dans les sectes. C'est le seul moyen de s'en sortir, la seule issue, et ceux qui seraient tenter de sortir ou de ne pas écouter ce qui est dit et demandent des choses, se retrouvent accuses d'être le diable, de ne pas écouter la voix du christ…J'ai moi-même été accusé d'être judas ou le diable. Mon amie qui est sortie du mouvement a été accusée d'avoir fait du mal a la communauté, et d'être le diable en personne, car celui qui attaque le chemin est toujours le diable. C'est exactement ce qui se passe dans les sectes, sans compter la pression psychologique mise par les catéchistes et la communauté sur les personnes qui seraient tentées de sortir du mouvement.

Il est surprenant de lire l'orientation aux catéchistes pour la phase de conversion, document de 373 pages, ou l'on dit aux personnes que les femmes doivent haïr leur mari pour qu'il ne devienne pas une idole, et un nombre impressionnant de directives ahurissantes du même genre.

Les membres du chemin n'ont pas accès a ces documents ni a ce qui va se passer plus tard. Tout est cache, et dévoile, ou plutôt demande à chaque fois que l'adepte est suffisamment manipule pour en accepter davantage. Les choses se font progressivement, sans que l'on s'en rende compte, petit a petit et chaque étape prépare lentement une assuétude et une allégeance de plus en plus forte et inconditionnelle aux catéchistes.

On fait peur aux gens et on les maintient grâce à cela, peu a peu l'individu perd ses repères, et la communauté devient bientôt le seul espace ou l'individu se sent protégé, et compris. L'extérieur est l'antre du malin, qui vous guette et est prêt a vous sauter dessus a la moindre occasion. J'ai malheureusement vu ce mécanisme en jeu chez plusieurs personnes qui appartiennent au chemin, et cela est confirme dans les témoignages d'autres personnes de différents pays.

Bien que l'église refuse la confession publique, le Nc y a recours. Les personnes sont invitées à parler de leur vie privée devant la communauté, a décrire leurs péchés. Soit elles le font, et a ce moment la se disent que la communauté connaît beaucoup de choses (ce qui, on s'en doute rendra plus dur encore la rupture d'avec le groupe, si un jour elle le désire, par peur de divulgation de ces choses…) ; soit elle omet certaines choses et se sent de ce fait coupable de ne pas avoir livre son cœur a ses frères et sœurs qui pourtant lui font confiance, n'aurait elle pas confiance en eux, elle ??? Ces techniques sont également utilisées dans les sectes.

Une chose assez surprenante également est que les individus qui sortent de ce mouvement sont fragilisées et ont besoin d'une aide psychologique ou psychiatrique, de personnes spécialisées dans la manipulation mentale. Le Professeur Alberto PICANO, psychiatre a l'hôpital san camillo a Rome, montre bien qu'un soutien psychologique est nécessaire aux personnes qui sortent du chemin, et reçoit beaucoup de personnes qui sortent du chemin.

La famille intéresse beaucoup le chemin, outre les mariages plus ou moins arranges (par hasard bien sur), ce mouvement s'appuie sur l'énergie des jeunes couples pour les aliéner davantage. Les nombreux cas en France comme a l'étranger, montrent aussi que le chemin ne supporte pas qu'une personne soit avec quelqu'un qui ne fait pas partie de la communauté. Ce communautarisme, pousse à ce point est en général l'apanage des sectes. Ce psychiatre raconte que sa mère a été durant 20 ans dans le chemin mais que son père n'en faisait pas parti, et que c'est pour cette raison qu'ils ont été sépares jusqu'à la mort de celui ci. Ils avaient montes sa mère contre lui parce qu'il critiquait le chemin et les catéchistes avaient dit à sa mère :"nous avons ordonne à votre mère de vous jeter de la maison".

La structure principale d'un membre du chemin est la communauté, la famille passe au second plan puisque le conjoint, les enfants, et les amis hors communauté, ne doivent pas devenir des idoles…L' intérêt principal est donc l'intérêt de la communauté, au détriment parfois de la cellule familiale. Les catéchistes avaient demandes à mon amie ; devant la communauté ainsi que ses parents (qui sont dans le mouvement) "de cesser de me voir pendant un certain temps, probablement assez long". Ceci parce que je contestais le chemin et pensais que ce mouvement etait dangereux tant pour son bien être psychique, que pour son intégrité en tant qu'individu.

Cette situation d'obéissance absolue aux catéchistes, qui deviennent ainsi de véritables gourous est très nette, et cette pression est de plus en plus forte. Ils disent être inspires de Dieu ; leur désobéir équivaudrait ainsi a désobéir a Dieu en personne.

De nombreuses personnes, a qui l'on a ôté petit a petit le pouvoir de libre arbitre, se retrouvent ainsi dans une écoute passive face aux dirigeants, et acceptent tout ce qui est dit. Elles pensent pouvoir trouver en leurs catéchistes, toutes les réponses aux questions qu'elles se posent, et, ainsi, finissent par devenir de véritables "personnes telecommandees".

Lorsque l'on demande au psychiatre dont je parlais tout à l'heure, quelles sont les pathologies présentées par les personnes qui ont été membre du chemin, il répond :

"Toutes ces personnes montrent une personnalité faible, un sentiment d'échec et une incapacité a faire face à leurs propres erreurs, ils s'enferment dans un système rigide(…)C'est la pathologie la plus fréquente concernant les personnes qui s'enferme dans des communautés, des sectes, des systèmes autoritaires".

En ce qui me concerne, et en tant que psychologue, je dirais que le risque est encore plus important pour des personnes jeunes qui n'ont pas encore eut le temps de se construire, car elles risquent fort de se construire un faux self, un ersatz de personnalité. Cette obéissance aux catéchistes me semble assez grave car si un jour ils disaient que les personnes doivent se suicider "pour la cause", pour imiter le christ et laver les péchés du monde, un bon nombre d'entre elles le ferait sans aucun doute, et sans aucune hésitation, car le bonheur est dans la vie future, la vie éternelle, pas celle ci…

Nous pourrions aussi imaginer des meurtres, cela peut faire sourire et peut laisser penser que je suis un peu paranoïaque, mais l'histoire qui suit devrait vous permettre de comprendre ce que l'on peut risquer lorsque l'on s'affiche contre le chemin.

Témoignage d'augusto Faustini (dans une famille détruite). Ce monsieur nous explique qu'il a fait partie d'une communauté du NC en 1985, durant quelques années. Apres avoir compris ce qu'etait le mouvement, il a décide de quitter le mouvement et il lui est arrivé une chose que je ne souhaite à personne. Son fils lui a demande ce qu'il pensait du chemin, et après avoir entendu que son père etait contre, il a essaye de le tuer par suffocation... (cette personne a les dossiers médicaux pour le prouver). En effet, être contre le chemin, c'est être l'incarnation du mal, et de ce fait, chacun doit se battre et lutter jusqu'à l'extermination si nécessaire…

Nous avons vu depuis le début de ce bref expose, comment la manipulation mentale agit sur les individus, au détriment d'une part de leur capacité de discernement et de choix, et, d'autre part, de leur vie familiale, lorsque l'un des 2 ne fait pas partie du mouvement.

Essayons maintenant d'aller plus avant.

Dans une communauté, le mal est projette à l'extérieur de celle ci et tout ce qui va à l'encontre du mouvement est perçu comme étant diabolique. Lorsque quelqu'un est dans le chemin, peu a peu des changements radicaux s'opèrent par rapport à la vie antérieure. "Il faut reconstruire, oublier tout ce qui etait avant".

Le membre parle avec enthousiasme et ferveur du chemin, la voie de salut que tous devraient emprunter. La première convivence (réunion du vendredi soir au dimanche après midi), qui a lieu après les 2 mois de catéchèses initiales vont induire chez l'individu des sentiments de plus en plus fort, et l'individu va rapidement se sentir implique.

Lorsque certains quittent le mouvement a un moment ou un autre, les catéchistes rassurent le reste de la communauté en leur disant que tout le monde n'est pas fait pour être le sel et la lumière, que c'est le Seigneur qui choisit.

Dire devant la communauté tout ce que le chemin a fait pour chacun et comment il a permis de change sa vie.

Au début, il est demande une participation bi hebdomadaire, et peu a peu, on demande aux personnes d'être en harmonie avec le chemin, tout change alors pour l'individu dans sa vie, dont le chemin devient la seule chose qui peut lui apporter quelque chose.

Le chemin prépare ses adeptes à subir les critiques en leur expliquant que plus ils sont critiqués, et plus ils sont proches de jésus, car lui-même n'etait pas compris, ce qui permet encore de refermer un tour, et de ne pas permettre aux personnes une remise en cause du mouvement (qui serait l'opération du diable).

Alors ce mouvement, est ce une secte ? Je laisse à chacun le choix de décider de ce qu'il pense de ce mouvement. En ce qui me concerne, j'ai mon avis…

 

 

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