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Article publié dans le magazine JESUS du mois de mai 1999, pages. 64,65 et 66,
dans la rubrique "Dossier"..
Le "Chemin néocatéchuménal"
Un "signe" qui divise
de VITTORIA PRISCIANDARO
David a été baptisé la nuit de Pâques. Je l'ai vu "venir au monde et quand il a été plongé dans les fonts baptismaux cela m’a semblé une nouvelle naissance." Alberto est un papa encore ému. Il s'agit du quatrième fils, mais dans ce cas on ne peut pas parler d'habitude.
Monsieur Pellone a 34 ans, une femme, Luisa, de 31. Les deux napolitains, suivent depuis 15 ans le chemin néocatéchuménal et depuis quatre ans ils sont même catéchistes. "J’ai toujours été ce qu’on peut appeler "un garçon d'Église." Je fréquentais la paroisse, mais j’avais une foi très proche de la superstition", raconte Alberto. Puis, un jour, pendant le Carême de 83, la rencontre avec "le Chemin." Le curé propose à la communauté de suivre un cours des catéchèses pour adultes. Nombreux répondent. Cela a été la redécouverte d'un liturgie vivante, d'une Parole non plus seulement écoutée, mais qui parle à la vie, d'un Dieu père qui m'aime comme je suis." Pour Alberto c'est le début d'une nouvelle vie. Il épouse Luisa, il s'établit à Rome et, ironie du sort trouve travail comme portier au 1, dans la rue de la Consolation, dans l'immeuble de l'action catholique italienne.
Quel effet ça fait de travailler pour la "concurrence?" "Je crois qu'un néocatéchuménal, si l’âge le permet, peux faire partie de l'Action Catholique ou des scouts sans problèmes: le nôtre est un chemin, en effet, pas une association. C'est un itinéraire pour redécouvrir son propre Baptême, pour renaître en Christ, justement comme Davide."
Alberto n'a pas de doutes sur la validité du Chemin. Et comme ils sont nombreux ceux qui en chaque continent misent, en faisant aussi ce choix de vie très radical, sur cette réalité née il y a 35 ans dans le bidonville de Palomeras Altas, dans la banlieue de Madrid. Pourtant aujourd'hui aucune agrégation ecclésiale n'est peut-être aussi controversée dans l'Église catholique que celle-ci. Et tandis que les détracteurs du Chemin vivent presque comme un devoir moral la nécessité de témoigner contre lui, de l’autre côté, à part quelques exceptions ils font le choix de l’épreuve du silence. Aussi pour ce reportage quelques-uns des responsables néocatéchumènes interpellés ont opposé une grosse résistance à accorder des déclarations.
À la fin le docteur Giampiero Donnini, référendaire italien avait accepté d’accorder une interview par le fax, par lequel cependant il ne m’a jamais répondu. "Le Chemin attendant l'approbation d’un Statut, doit être attentif à ne pas faire de faux pas. C'est un moment délicat", observe une personne bien informée. "Déjà plus d’une ébauche a été rejetée. En réalité les néocatéchumènes voudraient laisser les choses comme elles sont, sans aucun type de structure juridique. Mais vu que le Pape l'a demandé...."
C’est un jeune artiste espagnol, Kiko Argüello qui, à partir de son expérience intense de conversion à l’âge adulte, pense à la proposition d'un itinéraire de foi centrée sur la redécouverte du Baptême.
Ainsi naît "Le Chemin", un long temps de parcours, vingt ans même, divisé en six étapes, de "l’annonce du Kérygme" à la "rénovation des promesses baptismales." Bien vite s’ajoute à l'expérience de Kiko celle de Carmen Hernandez, jeune chimiste, lauréate en Théologie, et cela se répand dans le monde entier. Selon les dernières données les communautés existantes, entre 30 et 50 personnes chacune seraient environ 15 mille environ dans 4.500 paroisses de 820 diocèses réparties parmi 101 nations des cinq continents.
En 1990 une lettre d'encouragement du Pape à monseigneur Josef Cordes, chargé en personne pour l'apostolat des communautés néocatéchuménales - (en "Accueillant la demande adressée de reconnaître le Chemin néocatéchuménal comme un itinéraire de formation catholique, valide pour la société et les temps modernes"), - vient accompagnée d’une note rédactionnelle publiée sur Acta Apostolicae Sedis: "Le but du saint père, en reconnaissant le Chemin néocatéchuménal comme itinéraire valide de formation catholique, n'est pas de donner des indications contraignantes aux ordinaires du lieu, mais seulement de les encourager à considérer avec attention les communautés néocatéchuménales, en laissant cependant au jugement de ces mêmes titulaires d'agir selon les exigences pastorales des diocèses particuliers".
Cela n'est pas accidentel: le rapport avec l'Église locale est en effet le vrai nœud du Chemin, comme le montrent quelques épisodes. En 1996 en Angleterre monseigneur Mervyn Alexander, évêque de Clifton instaure une enquête à la suite de ce qui forma le Pash (Parishioners against a secret church) formé par des catholiques fidèles à Vatican II qui craignent l'influence réactionnaire qui vient de quelques-uns des nouveaux mouvements comme les Néocatéchuménals", raconte un des promoteurs Ronald Haynes. En Italie des ex-néocatéchumènes, prêtres et laïques organisent des congrès, racontent leur expérience et publient des documents sur Internet, pendant que différents évêques tentent de clarifier d'une façon ou d'une autre quel est le rôle du Chemin dans le diocèse: monseigneur Foresti de Brescia est intervenu; et puis les cardinaux Pappalardo, Saldarini et Piovanelli qui s'arrêtent en particulier sur la figure du curé et sur son implication avec le Chemin. La Conférence épiscopale Pugliese a écrit une lettre en soulignant le rôle des catéchistes ("à l'occasion des scrutins pour les passages différents ils doivent s'abstenir d’ intervenir dans champs plus intime de la conscience"), le problème de l'eucharistie hebdomadaire ("les communautés croient indispensable qu’une célébration leur soit réservée"), la veillée pascale ("un des points de friction plus fréquente").
Un mal entendu de base, selon quelques-uns, est que les néocatéchumènes considérent "le Chemin" non pas comme une réalité entre les autres mais "la" nouvelle Église. "Le Chemin néocatéchuménal est reconnu comme un cadeau de l'Esprit à son Église mais l'insertion du Chemin dans la vie des paroisses est suivi avec grande attention", dit monseigneur Pietro Nonis, évêque de Vicence, qui en novembre '96 adressa une lettre aux curés et aux religieux supérieurs de communauté dans lesquelles est présent le Chemin. Aujourd'hui ma position déclare Nonis, reste inchangée. Dans notre situation, espèces de petites paroisses, avec un tissu pastoral délicat et riche d'expériences différentes, celle du Chemin doit rester une des propositions de foi et ne pas devenir de fait le choix prédominant ou vraiment totalisant. Sur ce sujet je n'ai jamais trouvé d’opposition de principe des responsables du Chemin. Ce qui arrive ensuite dans les situations uniques dépend dans une grande partie de l'équilibre pastoral des curés et de leur capacité de procéder en harmonie avec l'Église diocésaine et de développer effectivement la participation de tous, dans la communion et dans la co-responsabilité."
Nous avons demandé aux curés de raconter leur expérience. De Nombreux prêtres interpellés "par opportunité" se taisent ou préfèrent l'anonymat. Don Renato De Simone, de Naples, parle par contre sans problèmes. À Sainte Maria Apparente le Chemin est né pendant le tremblement de terre de 80. "Aujourd'hui nous avons six communautés qui ont produit des vocations sacerdotales et des actions pastorales". Don Renato convient que, "cependant parce que cette expérience arrive aussi aux soi-disant lointains, le risque est réel que quelques néocatéchumènes aient une vision un peu fanatique, typique du néophyte".
Mais, selon De Simone, tout reste au curé qui "doit "perdre" son temps avec ces personnes et il ne peut pas laisser aller de l’avant tout seul". Mais il y n'a pas de risque que le curé vienne à monopoliser cette réalité? "Le risque existe, et il revient au prêtre de réussir à maintenir un certain équilibre." En ce qui concerne l'accusation d'une lecture fondamentaliste de la Bible. De Simone soutient que "la méthode est celle des Pères, la parole qui parle à la vie. Et puis les catéchistes doivent être aidés, le curé doit les accompagner dans l'exégèse biblique. Parce qu'au début ils ne sont pas particulièrement formés, mais pendant le Chemin ils acquièrent des connaissances de Théologie biblique, dogmatique, patristique." Enfin après vingt ans, nonobstant quelques limites, don Renato n'a pas de doutes: "en ce personnage étrange qu’est Kiko vraiment passe l'expérience du Seigneur."
D’une toute autre teneur le ton d'un curé de la province de Rome, qui préfère l'anonymat "pour ne pas causer de tort ultérieurement à mes paroissiens qui sont en train de tenter de sortir de la situation dramatique provoquée par le Chemin."
Aux débuts des années '80, il raconte, "je cherchais une réalité qui m'aiderait à évangéliser. Un autre curé me vanta le Chemin et j'invitai ainsi quelques catéchistes." Après les premier deux ans, cependant, retentit une sonnette d'alarme: "Une communauté parallèle était en train de naître. Les catéchistes faisaient des affirmations théologiques incorrectes et surtout ils étaient gérants de la vie de chacun, en intervenant dans la sphère intime, sans aucun égard pour la conscience."
La rencontre avec les livres de père Enrico Zoffoli et don Gino Conti, deux prêtres qui ont dépensé toutes leurs énergies à réfuter les hérésies du mouvement néocatéchuménal", transforment les impressions du curé en accusations circonstanciées. Il y a une manipulation des gens qui arrive lentement, mais surtout pendant les "scrutins", les aveux publiques des péchés, le paiement de la dîme, qu’à un certain moment du Chemin les néocaéchumènes sont tenus de verser."
Un autre point "brûlant" c'est le secret des textes de formation. Il s'agit des enregistrements des catéchèses faites par Kiko et Carmen dans les années '70. Elles sont dans les mains de tous les catéshistes, sous forme de textes dactylographiés, les textes ont maintenant un secret relatif, mais il est aussi vrai qu'ils ne sont pas trouvables par des voies normales. "Ils ne sont pas publiés parce qu'il s'agit d'hérésies, éloignés du catéchisme de l'Église catholique", soutient Madame Maria Petralia, professeur de philosophie à Gela, sortie du Chemin après 20 ans. Les néocatéchumènes soutiennent par contre que les textes servent comme une sorte de piste et ils sont accessible seulement aux guides parce qu’ils indiquent un itinéraire très important: les faire connaître à l’avance pourraient effrayer les "novices" qui, par contre, au moment juste affronteront chaque étape tranquillement.
Où ira finir le Chemin néocatéchuménal? Pour le comprendre, quelqu'un dit, on a besoin de patience. Et confier au savoir millénaire de la sainte mère Église la définition d'une réalité qui de toute façon " laisse le signe" suscitant de fortes passions en signe opposé.
Vittoria Prisciandaro